Lors de la COP16 de la CDB, dirigeants mondiaux, défenseurs de l'environnement et décideurs politiques se réuniront pour impulser un changement transformateur en intégrant l'égalité des sexes dans la conservation de la biodiversité. Organisé au Pavillon de l'UICN le 27 octobre 2024, cet événement soulignera le rôle crucial des femmes dans la protection et la restauration des écosystèmes, garantissant ainsi des efforts de conservation inclusifs, efficaces et durables.
Points clés :
- Conservation sensible au genre : reconnaître les femmes comme des agents clés de la protection de la biodiversité, de l'agriculture durable à l'adaptation au climat
- Combler le déficit de financement : mobiliser des ressources pour des efforts de conservation inclusifs en matière de genre grâce à des solutions de financement innovantes.
- Leadership local et autochtone : faire entendre la voix des femmes locales et autochtones qui œuvrent en faveur de la conservation communautaire.
- Action politique et collaboration : Renforcer les engagements mondiaux envers l’objectif 23 du Plan d’action pour l’égalité des sexes de la CDB afin de garantir l’équité entre les sexes dans la prise de décision environnementale.
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La COP16 de la Convention sur la diversité biologique, qui s'est tenue au Pavillon de l'UICN, a constitué une plateforme idéale pour faire avancer le débat sur l'intégration de l'égalité des genres dans les stratégies mondiales de conservation et de lutte contre le changement climatique. Cet événement visait à promouvoir les objectifs énoncés dans la cible 23 et l'objectif 1 du Plan d'action pour l'égalité des genres, visant à intégrer les questions de genre dans les stratégies d'impact sur la biodiversité. La conférence a réuni un large éventail de dirigeants, de décideurs politiques et de militants engagés à promouvoir des efforts de conservation tenant compte des questions de genre. Au travers d'une série de sessions stimulantes, l'événement a exploré des mécanismes de financement innovants et des stratégies concrètes pour faire de l'égalité des genres non seulement un principe directeur, mais une réalité concrète dans les efforts de conservation de la biodiversité à travers le monde.
Les discussions de la COP16 se sont articulées autour de deux sessions clés : le financement d’une conservation sensible au genre et l’action sur le terrain. Ces sessions ont été soigneusement organisées pour aborder les dimensions stratégiques et opérationnelles de l’intégration du genre dans la conservation. La première session a mis en lumière le rôle de la finance internationale dans le soutien des initiatives en faveur de l’égalité des genres, en présentant les points de vue de leaders mondiaux du financement environnemental. La seconde session s’est penchée sur les actions locales, présentant des exemples concrets de mise en œuvre de stratégies sensibles au genre au sein de diverses communautés. Collectivement, ces discussions ont souligné la nécessité d’une approche multidimensionnelle de la conservation, respectueuse de l’égalité des genres et des droits humains, établissant un cadre solide pour les initiatives futures visant à favoriser la résilience, à préserver les moyens de subsistance et à autonomiser les communautés grâce à une gestion environnementale inclusive.
Session 1 : Financer une conservation sensible au genre
Remarques d'ouverture :
- SEM Razan Al Mubarak, Président, UICN
Intervenants :
- Bård, Vegar Solhjell, directeur général, Norad
- Dr Adriana Goncalves Moreira, spécialiste principale des partenariats, Fonds pour l'environnement mondial
- Ceejay, Girard, Partenariats mondiaux et agriculture durable, PepsiCo
- Catherine, Wahlen, Responsable des ressources naturelles, USAID
- Céline Heinbecker, directrice des partenariats pour le financement de la lutte contre le changement climatique, Affaires mondiales Canada
Razan Al Moubarak (Présidente de l'UICN) a ouvert le débat en soulignant la nécessité d'une intentionnalité dans l'obtention de résultats tenant compte de la dimension de genre, insistant sur le fait que ces résultats doivent être délibérément conçus et intégrés dans les actions en faveur de la biodiversité. Elle a lié l'égalité des sexes au respect des politiques internationales, plaidant pour la sécurité et le leadership des femmes, essentiels à la réalisation des objectifs mondiaux en matière de biodiversité.
Comme vous l'avez entendu dire, je suis extrêmement fière que l'UICN fasse avancer ce programme et j'ai hâte d'écouter les intervenants expliquer comment, en tant que communauté, nous pouvons adapter notre soutien pour lutter contre les risques de violence sexiste. Il s'agit de garantir que les femmes soient non seulement en sécurité, mais aussi véritablement autonomes pour façonner l'avenir de la conservation de la nature et de l'action climatique.
Bård Vegar Solhjell (Directeur général de la Norad) a souligné le lien entre l'éducation et les résultats environnementaux, plaidant pour l'autonomisation économique comme outil d'équité. Il a noté que les transferts monétaires aux femmes conduisent à de meilleurs résultats en matière de conservation et de développement et a abordé la dimension mondiale des violences environnementales sexistes.
L'éducation des filles est l'une des mesures les plus importantes pour une bonne adaptation au changement climatique. Si les filles et les femmes sont éduquées, des choix différents seront faits au sein d'une communauté. Nous savons également que les transferts monétaires, lorsqu'ils sont destinés aux femmes, sont souvent plus efficaces. Il suffit donc d'examiner les données probantes pour constater qu'elles sont également fondées.
Ceejay Girard (PepsiCo Global Partnerships) a partagé son point de vue sur le succès de PepsiCo en matière d'agriculture durable, soulignant que l'adoption par les femmes de pratiques agricoles respectueuses du climat a dépassé les attentes. Il a souligné l'importance des changements de culture interne et des partenariats externes pour parvenir à l'égalité des sexes dans les chaînes d'approvisionnement.
« Il existe une analyse de rentabilisation. Elle est là, elle est évidente, nous pouvons la quantifier, la qualifier et la présenter sous forme d'histoires. Quels que soient nos besoins opérationnels, nous disposons enfin des preuves nécessaires pour les satisfaire. »
Catherine Wahlen (Responsable des ressources naturelles de l'USAID) a révélé les risques omniprésents dans le travail environnemental, soulignant qu'un pourcentage important de décideurs politiques environnementaux sont confrontés à des violences sexistes (VBG) dans le cadre de leurs projets. Elle a partagé les indicateurs de réussite du Défi RISE, qui réunit des experts en genre et en conservation pour lutter contre cette crise systémique.
« Il est vraiment important de travailler ensemble dans cet espace, il ne s'agit pas seulement d'une question de violence sexiste ou de genre, il s'agit vraiment de tous ces secteurs qui travaillent ensemble pour garantir que personne ne soit laissé pour compte et que nous maximisons les contributions de chacun, pour des résultats en matière de biodiversité. »
Céline Heinbecker (Affaires mondiales Canada) a présenté le cadre de responsabilisation du Canada, qui fait passer les femmes du statut de victimes à celui de leaders en surveillant leur accès aux ressources, à la voix et au pouvoir. Elle a illustré des projets climatiques concrets et intersectionnels, comme les fermes d'algues des femmes kényanes qui protègent les côtes, favorisent la biodiversité et génèrent des revenus.
Nous souhaitions lancer une initiative qui mettrait en valeur le leadership autochtone et la voix des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones. Le financement de cette initiative sera versé à des organisations autochtones au Canada, qui collaboreront avec des organisations autochtones à l'étranger.

Session 2 : Agir sur le terrain
Modératrice – Amelia Arreguín Prado, coordinatrice, CBD Women's Caucus
Intervenants :
- Gabrielle, Moreau, Représentante jeunesse, Ralliement national des Métis
- Joyce, Peshu, Responsable des questions de genre, Kenya Wildlife Conservancies Association, Kenya
- Ilse, Pelkmans, chercheuse, TMG Think Tank
Remarques de clôture :
- Astrid, Puentes Riaño, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit de l’homme à un environnement propre, sain et durable.
Gabrielle Moreau (Représentante jeunesse, Ralliement national des Métis) a souligné l'impact transformateur de l'intégration des perspectives autochtones dans la prise de décisions nationales. Elle a insisté sur l'importance des actions autodéterminées en matière de climat et de biodiversité, illustrant comment la Table ronde Goose Moon sur les changements climatiques offre une plateforme pour une prise de décisions environnementales inclusive.
Il est essentiel de prendre en compte le savoir des femmes autochtones et de ne pas tenter de l'intégrer aux cadres de conservation existants. Nous le considérons comme tout aussi pertinent en soi. Nous développons des méthodes de conservation de la nature ancrées dans le savoir des femmes autochtones, plutôt que dans le savoir occidental, en consultant les peuples autochtones en parallèle.
Joyce Peshu (Responsable Genre, Kenya Wildlife Conservancies Association, Kenya) a évoqué l'intégration des questions de violence sexiste dans les réserves fauniques du Kenya, et l'importance de cette prise en compte pour permettre aux femmes de s'engager, de participer et de diriger de manière significative dans ces réserves. Elle a souligné le lien entre l'inégalité des sexes et la violence, ainsi que son rôle crucial dans la réalisation des objectifs communs en matière de biodiversité et de climat. Peshu a également partagé son point de vue sur les changements observés au niveau de la gouvernance et du leadership des réserves.
Ces femmes jouent un rôle essentiel dans la gestion des ressources naturelles. Nous avons des femmes qui interviennent dans la restauration des pâturages, des femmes qui travaillent comme gardes forestiers, des femmes qui travaillent dans l'écotourisme, des femmes qui occupent des postes de direction et de gestion dans la gestion des ressources naturelles. Comment peuvent-elles remplir leur rôle si elles sont victimes de violences sexistes ?
Ilse Pelkmans (Chercheuse, TMG Think Tank) a présenté Haki Ardi, un outil de défense des droits fonciers des femmes, qui utilise la technologie pour traiter les questions de droits fonciers. Elle a expliqué comment cet outil permet aux femmes de signaler les violations de leurs droits en toute sécurité, tout en restant accessible aux femmes locales ayant des accès technologiques variables, et comment les organisations communautaires peuvent entrer en contact avec les victimes de violences sexistes et leur apporter un soutien adéquat.
Ce n'est pas une solution isolée, n'est-ce pas ? C'est impossible. Je pense qu'il est important de reconnaître que les solutions numériques peuvent améliorer et simplifier le travail déjà effectué dans une structure analogique, mais cette structure analogique doit toujours être en place. Développer un outil pour faciliter le reporting sans réponse est absurde.
Astrid Puentes Riaño (Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit à un environnement propre, sain et durable) a souligné la nécessité d'intégrer les droits humains, en particulier les droits liés au genre, dans les efforts de conservation visant à lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution. Elle a insisté sur l'importance de mettre en œuvre les cadres juridiques existants et a appelé à des changements systémiques pour faire face à ces crises. Puentes Riaño a souligné le rôle crucial des femmes dans la conduite de ces initiatives et la nécessité d'efforts collaboratifs pour garantir un droit mondialement reconnu à un environnement sain.
« Il est essentiel que, lorsque nous parlons de conservation – acteurs privés, entreprises, UICN et ONG – nous nous rappelions qu'il est de notre devoir de respecter, de protéger et de garantir les droits humains, tant des femmes, des filles que des peuples autochtones. »

Parmi les questions générales abordées lors de la septième journée de la COP16 de la CDB de l'UICN, figurait la promotion de l'égalité des sexes dans le contexte des solutions climatiques et de conservation. Un thème clé a été l'intégration d'approches sensibles au genre dans les actions en faveur de la biodiversité, soulignant que ces résultats doivent être délibérément conçus et intégrés à tous les aspects des efforts de conservation. Cela s'inscrit dans le cadre politique international plus large, soulignant que la sécurité et le leadership des femmes sont des éléments non négociables pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de biodiversité.
Un autre thème important a été l'autonomisation des femmes en tant qu'actrices du changement. Les discussions ont souligné l'importance de reconnaître les femmes non seulement comme bénéficiaires, mais aussi comme leaders et décideuses en matière de conservation et d'action climatique. Cela impliquait de s'attaquer à des problèmes systémiques tels que les violences sexistes, qui constituent des obstacles importants à la pleine participation des femmes aux secteurs environnementaux.
L'événement a également souligné l'importance d'une gouvernance inclusive et d'approches communautaires, notamment le rôle des savoirs et du leadership autochtones dans la réalisation des objectifs en matière de biodiversité et de climat. En privilégiant la conception participative et la collaboration, les discussions visaient à créer des solutions équitables, pertinentes au niveau local et évolutives à l'échelle mondiale, garantissant que les bénéfices des efforts de conservation soient réalisés par diverses communautés.