La série de dialogues NAbSA s'est conclue par une discussion opportune sur le « Financement des solutions fondées sur la nature (SfN) », mettant en lumière les stratégies permettant d'accroître les financements climatiques vers les SfN, de garantir l'équité et d'amplifier leur impact sur les communautés locales et la biodiversité. Les solutions fondées sur la nature (SfN) sont des outils puissants pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique, la perte de biodiversité et le développement durable. Cependant, la mobilisation de ressources financières pour ces solutions pose souvent des défis importants. Ce dialogue a mis en lumière les perspectives de trois organisations – UPA DI, Plan International et IISD – qui travaillent chacune sur des SfN sensibles au genre dans leurs écosystèmes et communautés respectifs. Lors d'une table ronde, ces intervenants ont présenté leurs travaux actuels, leurs perspectives de projets et institutionnelles, leurs méthodes de mobilisation communautaire et leurs perspectives d'avenir en matière de financement. Une séance de questions-réponses interactive a suivi la table ronde, permettant aux participants d'échanger leurs réflexions et leurs questions.

Intervenants :
- Annick Gillard-Bailetti (Plan International).
- Faby Anne Gagné-Mimeault (Chaire de recherche du Canada en économie écologique, Université du Québec).
- Bernard Kpanoga Kolombia (Chaire de recherche du Canada en économie écologique, Université du Québec).
- Edoardo Carlucci (IIDD).
Annick Elle a souligné la nécessité de repenser les cadres de financement en intégrant les savoirs autochtones, les droits fonciers et les approches axées sur l'équité. Elle a présenté des exemples concrets de financements innovants, tels que Reaching Communities England, qui finance des organisations locales par le biais de subventions communautaires, soulignant que ces mécanismes renforcent les capacités des organisations locales du Sud. Elle a également évoqué des cas où des écosystèmes ont obtenu la personnalité juridique, comme en Nouvelle-Zélande, où les rivières et les écosystèmes sont reconnus comme des entités dotées de droits. Elle a appelé à un changement de conception de la valeur de la nature, en s'éloignant d'une perspective purement monétaire et en adoptant une approche respectueuse de la valeur intrinsèque des écosystèmes.
« Nous devons cesser de concevoir des systèmes qui attribuent un prix à la nature et privilégier l'intégration de l'équité et du respect de la nature dans les cadres de financement. Il s'agit de reconnaître les droits inhérents des écosystèmes, et pas seulement leur valeur extractive. »
Faby Anne Elle a souligné la nécessité d'élargir les mécanismes financiers pour les solutions fondées sur la nature, affirmant que les solutions universelles sont insuffisantes. Elle a insisté sur la nécessité d'approches de financement hybrides qui répondent à la fois aux crises de la biodiversité et du climat, ainsi que sur la nécessité d'impliquer les communautés locales dans le processus. Elle a également introduit le concept d'investissements axés sur les résultats, où le financement est lié à des résultats mesurables, ce qui peut fournir des incitations à long terme en faveur de la durabilité. Elle a souligné que chaque projet ou écosystème nécessite des outils financiers spécifiques, qu'il s'agisse de captage du carbone, de gestion des écosystèmes ou d'initiatives de conservation menées par les communautés. En se concentrant sur des solutions sur mesure, le financement peut être plus efficace pour répondre aux défis et aux opportunités spécifiques à chaque contexte.
« Il n'existe pas de solution universelle. Des approches sur mesure sont essentielles pour garantir que le financement soit en phase avec les priorités locales et mondiales. »
Bernard Bernard a enrichi la discussion en se concentrant sur l'intégration des services écosystémiques non marchands dans les cadres de financement. Il a expliqué que, comme il est difficile de tarifer directement les services fournis par les écosystèmes, des méthodologies comme l'évaluation contingente sont utilisées, où la valeur d'un écosystème est estimée au moyen d'enquêtes ou de discussions avec les communautés locales. Cette approche, a-t-il déclaré, peut contribuer à intégrer la valeur réelle des SfN dans les marchés. Bernard a également discuté de la manière dont les gouvernements peuvent soutenir ces efforts en régulant les prix et en incitant les investisseurs privés à investir dans les SfN. Il a évoqué le rôle important de la microfinance, en particulier dans les pays en développement, où les fonds communautaires à petite échelle peuvent être utilisés pour des projets de SfN comme la reforestation ou la gestion de l'eau. Bernard a soutenu que de tels mécanismes permettent aux communautés locales de mobiliser leurs propres ressources et de prendre en main leur avenir environnemental. Ces outils sont essentiels pour développer les projets de SfN à grande échelle tout en garantissant l'appropriation et la participation locales.
« La microfinance et les fonds communautaires sont des outils essentiels pour financer les solutions fondées sur la nature dans les pays en développement, permettant aux populations locales de mener des projets de reforestation et autres. »
Edoardo Edoardo a abordé la question complexe de la marchandisation de la nature. Il a mis en garde contre les risques potentiels liés à la transformation des écosystèmes en produits financiers et a souligné l'importance de ne pas réduire la valeur de la nature à de simples termes économiques. Il a souligné que si la monétisation des bénéfices de la préservation des écosystèmes est essentielle pour attirer les investissements, ce processus ne doit pas se faire au détriment des communautés qui ont historiquement géré et protégé ces terres. Edoardo a appelé à des méthodologies qui empêchent l'utilisation abusive des solutions fondées sur la nature tout en favorisant les efforts de conservation communautaires. Il a souligné la nécessité de prendre en compte la propriété foncière lors du financement des solutions fondées sur la nature, car nombre de ces interventions nécessitent une gestion à long terme et un accès à la terre par les communautés locales. Edoardo a insisté sur le fait que la terre doit rester une ressource publique plutôt que d'être exclusivement privatisée à des fins financières, soulignant que les communautés locales doivent conserver le droit de gérer et de bénéficier des ressources naturelles.
Il est important de valoriser la préservation des forêts tropicales et de la biodiversité pour contrer les incitations économiques à les remplacer par des plantations de palmiers à huile. La propriété foncière doit être prise en compte afin de garantir que la nature reste un espace public, accessible aux communautés locales et leur appartenant.
Le dialogue de la NAbSA sur le « Financement des solutions fondées sur la nature » a rassemblé diverses perspectives sur la manière de libérer le potentiel financier des solutions fondées sur la nature tout en veillant à ce qu'elles soient en adéquation avec les besoins des communautés et la durabilité environnementale. De l'accent mis par Annick sur les droits et l'équité des peuples autochtones à l'appel de Faby Anne en faveur d'approches de financement hybrides et sur mesure, le panel a souligné que le financement des solutions fondées sur la nature doit être adaptable, inclusif et axé sur la communauté. Les réflexions de Bernard sur la microfinance et l'évaluation contingente, ainsi que la mise en garde d'Edoardo contre la marchandisation de la nature, ont souligné l'importance de maintenir un équilibre entre les incitations financières et les considérations éthiques des solutions fondées sur la nature.
Ce dialogue a également marqué la clôture de la série de dialogues NAbSA, qui a permis d'explorer l'interdépendance de la biodiversité, du genre, des politiques et des moyens de subsistance dans le cadre de l'adaptation au changement climatique. Les réflexions des intervenants contribueront à l'élaboration de stratégies concrètes pour accroître le financement des solutions fondées sur la nature et garantir que ces solutions apportent des bénéfices tangibles aux populations et à la planète.
Explorez l'enregistrement complet du dialogue pour des informations plus approfondies et des recommandations concrètes via le lien ci-dessous :
NAbSA Dialogues est une plateforme destinée aux experts et aux parties prenantes intéressés par l'intégration concrète de la conservation de la biodiversité et des questions de genre dans la conception et la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature efficaces pour l'adaptation au changement climatique et la résilience des communautés. Rejoignez-nous pour découvrir comment la préservation de la diversité de la vie sur Terre est essentielle pour un avenir durable sur notre planète en constante évolution et dynamique.
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