Protéger les personnes, protéger la nature : Pleins feux sur la violence numérique à l'encontre des femmes autochtones aux Philippines, en Thaïlande et en Indonésie

La violence numérique est une forme malveillante et de plus en plus répandue de violence fondée sur le genre (VFG)Le harcèlement et les attaques en ligne sont utilisés pour intimider et réduire au silence les femmes et les filles, en particulier celles qui ont une plus grande présence en ligne, comme les militantes, les dirigeantes sociales et politiques et les jeunes femmes. 

©Fondation du Pacte des peuples autochtones d'Asie (AIPP) – L'équipe de l'AIPP visite une forêt communautaire appartenant à des femmes locales à Balikpapan, en Indonésie

Un UICNDéfi des environnements résilients, inclusifs et durables (RISE)-Un projet financé aux Philippines, en Thaïlande et en Indonésie s'est attaqué à cette menace croissante de violence sexiste facilitée par la technologie.1 Dirigé par le Fondation du Pacte des peuples autochtones d'Asie (AIPP)Le projet « Autonomisation des femmes autochtones défenseures des droits humains environnementaux en Asie » a révélé l’ampleur des violences numériques qui peuvent affecter les femmes, en particulier les femmes autochtones défenseures des droits humains environnementaux. Confrontées à des formes multiples de discrimination et de violence, ces femmes luttent pour protéger leurs communautés contre les déplacements forcés, l’exploitation et la marginalisation, ainsi que pour préserver leurs terres coutumières et leurs ressources naturelles.

Les participantes au projet ont souligné la prévalence des violences en ligne comme un problème majeur auquel sont confrontées les femmes et les filles autochtones en Asie. Ces violences sont notamment utilisées pour dissuader et punir les femmes autochtones de s'exprimer publiquement sur les droits de leurs communautés en matière d'environnement. Par exemple, après la destruction de communautés côtières autochtones aux Philippines suite à une tempête tropicale, une femme autochtone a été victime de harcèlement et de menaces sur les réseaux sociaux. Elle avait dénoncé l'absence de services d'aide humanitaire et la loi interdisant toute construction à une certaine distance de l'océan, ce qui empêchait les communautés de reconstruire leurs habitations et prolongeait leur déplacement.

Dans certains cas, les outils numériques ont facilité des attaques délibérées visant à discréditer et à entraver le travail des femmes autochtones qui protestaient contre les projets miniers et de barrages et qui défendaient les droits des femmes. Des publications sur les réseaux sociaux ont propagé de la désinformation, accusant notamment ces femmes de se livrer à des activités terroristes et diffusant des discours haineux, parfois à partir de faux comptes et d'autorités locales et nationales. 

Le projet abordait également la réalité selon laquelle les outils numériques peuvent faciliter les violences qui se produisent dans la vie réelle, telles que les agressions sexuelles, les abus et les féminicides. Les jeunes femmes et les filles sont particulièrement exposées au risque de manipulation et d'exploitation sexuelle en ligne, et les auteurs de ces actes sont rarement traduits en justice. Ces risques peuvent être amplifiés pour les femmes et les filles appartenant à des groupes marginalisés, comme les communautés autochtones ou les minorités religieuses. 

En renforçant les liens communautaires et la solidarité entre les femmes autochtones défenseures des droits humains environnementaux aux niveaux local, national et international, en établissant des mécanismes de soutien d'urgence pour les militantes susceptibles d'être menacées ou agressées, et en veillant à ce que les femmes aient confiance en leurs droits, notamment dans le cadre des instruments internationaux, l'UICN, l'AIPP et leurs partenaires ont contribué à lutter contre les effets néfastes des violences sexistes numériques. Si Internet a été instrumentalisé par des acteurs cherchant à discréditer et à intimider les femmes qui défendent leurs droits et la protection de l'environnement, il constitue également un outil puissant pour celles et ceux qui œuvrent pour l'égalité des genres et la justice environnementale, et un lieu d'échange privilégié pour les militant·e·s et les praticien·ne·s. L'UICN, ses partenaires et ses donateurs restent déterminés à utiliser tous les outils disponibles pour une conservation inclusive. 

1Le programme RISE Challenge est un mécanisme de financement inédit qui soutient des activités visant à lutter contre les violences sexistes et à intégrer les enjeux environnementaux dans les programmes relatifs à l'environnement et au climat. Il est financé par l'Agence norvégienne de coopération au développement (Norad) et était auparavant financé par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

Cet article de blog a été écrit dans le contexte de 16 jours d'activisme contre la violence sexiste 2025.

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