Réflexions sur la COP16 de la CDB de Cali : Exploiter la nature pour la biodiversité mondiale et les objectifs climatiques

À COP16, des experts mondiaux se sont réunis au Pavillon de l'UICN pour explorer comment Solutions fondées sur la nature (SFN) sensibles au genre façonnent l’avenir de la conservation de la biodiversité, de la résilience climatique et de l’adaptation des communautés au changement climatique.

Points clés :

  • Discussions sur des stratégies NbS équitables, pertinentes au niveau local et évolutives
  • Informations d'experts du WWF, de l'IISD, de l'UICN, d'Oxford et d'autres organisations
  • L'accent est mis sur l'inclusion sociale et l'action climatique

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L'événement de la COP 16 de la Convention sur la diversité biologique, organisé au Pavillon de l'UICN et intitulé « Exploiter la nature pour faire progresser les objectifs mondiaux en matière de biodiversité et de climat », a souligné le rôle crucial des solutions fondées sur la nature (SfN) pour relever les défis interdépendants du changement climatique et de la perte de biodiversité. Cet événement a mis en lumière le potentiel d'un investissement important dans le cadre de l'initiative canadienne Partenariat pour le climat (P4C) afin d'améliorer l'adaptation et la résilience des écosystèmes riches en biodiversité. Cette initiative, soutenue par Solutions fondées sur la nature pour l'Afrique (NAbSA), vise à favoriser la prise en compte des questions de genre et une gouvernance inclusive, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs 8 et 11 du Cadre mondial pour la biodiversité (CM).

L'événement s'est concentré sur la promotion d'approches collaboratives essentielles pour relever les défis auxquels sont confrontées les communautés d'Afrique subsaharienne. Il a souligné la nécessité de solutions équitables, pertinentes au niveau local et évolutives à l'échelle mondiale, garantissant l'efficacité des solutions liées au lien climat-biodiversité. En réunissant les décideurs du climat et de la biodiversité, la session a permis d'éclairer les discussions sur les points essentiels de l'ordre du jour de la COP 16 et de soutenir la mise en œuvre des objectifs clés. Les discussions ont souligné l'importance des approches communautaires et d'une gouvernance inclusive pour tirer parti des solutions fondées sur la nature afin d'améliorer l'efficacité et la durabilité des efforts de conservation.

Intervenants de l'événement :

Modérateur de l'UICN – Ali Raza Rizvi, chef de l'équipe Changement climatique et transition énergétique, UICN

  • Céline, Heinbecker, directrice, Affaires mondiales Canada 
  • Natalie Seddon, professeure de biodiversité et directrice de l'Initiative pour des solutions fondées sur la nature
  • Veronica, Lo, conseillère principale en politiques, IISD 
  • Claire, Cockett, Partenariats et solutions fondées sur la nature, WWF
  • Tristan Tyrrell, responsable de la gestion du programme pour la biodiversité, le changement climatique et les terres arides et subhumides au Secrétariat de la CDB 
  • Veronica, Ruiz, Responsable du programme EcoDRR, UICN

Céline Heinbecker (Affaires mondiales Canada) : Céline Heinbecker a souligné l'engagement du Canada en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques, par l'intermédiaire d'une initiative de 14 milliards de livres sterling (1 milliard TP4T5,3 milliards), axée sur des projets d'adaptation intégrant des solutions fondées sur la nature et des avantages connexes pour la biodiversité. Elle a insisté sur l'importance de collaborer avec les communautés autochtones et de veiller à ce que les appels de fonds soient conçus avec l'expertise autochtone pour tenir compte de leurs besoins. Mme Heinbecker a également évoqué l'approche holistique des programmes qui non seulement protège contre les changements climatiques, mais soutient également la conservation de la biodiversité et améliore les moyens de subsistance.

 Nous avons conçu un appel à propositions avec des organisations autochtones du Canada. C'était une première dans l'histoire de notre organisation… Dans ce cas précis, nous savions que nous ne disposions pas de l'expertise interne nécessaire pour concevoir un appel approprié. Nous avons donc cherché à obtenir des dérogations à toutes sortes de règles, car, dans un esprit de conciliation, nous devons pouvoir collaborer avec nos partenaires avant de lancer un appel à propositions.

Natalie Seddon (Initiative pour des solutions fondées sur la nature) : Natalie Seddon a souligné la croissance exponentielle des recherches soutenant les solutions fondées sur la nature comme stratégies efficaces d'adaptation au climat. Elle a souligné la nécessité d'une transformation systémique, notamment par la réduction des émissions, afin de maximiser l'impact de ces solutions. Seddon a insisté sur l'importance d'intégrer les savoirs autochtones et les pratiques holistiques pour reconnecter la société à la nature.

« Les exercices de modélisation locaux, régionaux et nationaux ont été plus intéressants, car ils montrent qu’il existe une grande variation selon les pays quant à l’importance d’une réelle focalisation sur les solutions fondées sur la nature, par opposition à d’autres approches plus technologiques pour faire face au changement climatique. »

Véronique Lo (IIDD) : Veronica Lo a souligné le rôle de l'apprentissage communautaire et de la gouvernance inclusive dans la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature. Elle a évoqué la création d'une communauté de pratique offrant une plateforme pour discuter des défis et partager les expériences, en mobilisant notamment les organisations autochtones afin de garantir que leurs voix soient entendues et respectées dans les processus décisionnels.

La communauté de pratique est une plateforme qui rassemble tous les praticiens canadiens qui se consacrent à la mise en œuvre des solutions fondées sur la nature, à l'étranger comme au Canada. Nous invitons également une grande diversité de points de vue afin d'élargir notre vision des solutions fondées sur la nature et d'y intégrer la dimension des valeurs : nous accordons tous une valeur différente à la nature. 

Claire Cockett (WWF) : Claire Cockett a présenté le modèle d'accélérateur du WWF, qui vise à combler le fossé entre durabilité et finance. Elle a expliqué comment ce modèle fournit une assistance technique et de petites subventions pour débloquer des investissements privés en faveur de solutions respectueuses de la nature et facilitant ainsi le déploiement à grande échelle de pratiques durables.

« En ce qui concerne notre objectif dans l'accélérateur NbS, nous fournissons une assistance technique à un petit ensemble de projets à travers le monde, qui ont été choisis dans le cadre d'un appel à propositions ouvert, choisis parce qu'ils ont été évalués comme étant des solutions fondées sur la nature de haute intégrité. »

Tristan Tyrrell (Secrétariat de la CDB) : Tristan Tyrrell a abordé les implications plus larges des solutions fondées sur la nature, soulignant la nécessité d'un changement systémique dans la façon dont les sociétés interagissent avec la nature. Il a souligné que ces solutions ne sont pas seulement des outils pour atteindre les objectifs climatiques, mais des voies pour restructurer les systèmes économiques et favoriser la confiance entre tous les secteurs, y compris le secteur privé et les communautés autochtones.

« Oui, nous pouvons parler du rôle de la nature et de tout le reste, mais la réalité est que nous devons restructurer nos systèmes économiques et nos sociétés dans leur ensemble si nous voulons réellement réaliser cette vision à long terme de vivre en harmonie avec la nature. »

Véronique Ruiz (UICN) : Veronica Ruiz a mis l'accent sur l'approche collaborative dans le développement de solutions fondées sur la nature, insistant sur la nécessité de la co-création et de la rupture avec les cloisonnements. Elle a souligné l'importance d'être à l'écoute des défis des projets et de collaborer pour créer des solutions pertinentes, plutôt que de développer des outils ou des rapports isolés. Elle a également insisté sur l'importance d'intégrer les processus d'adaptation climatique aux considérations sociales et environnementales.

« Nous sommes notamment à l'écoute des projets : quels sont vos défis ? Quels sont les obstacles auxquels vous êtes confrontés ? Cela nous a permis de réfléchir à la manière de collaborer et de briser les cloisonnements. »

Les thèmes généraux de la sixième journée de la COP16 de l'UICN sur la CDB ont mis l'accent sur le rôle crucial des solutions fondées sur la nature (SfN) dans la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, soulignant leur potentiel à favoriser un changement systémique dans les dimensions environnementales, sociales et économiques. Les discussions ont souligné que les SfN ne sont pas seulement des outils pour atteindre les objectifs climatiques, mais des voies pour restructurer les systèmes économiques et renforcer la confiance sociétale, en impliquant divers secteurs, notamment le secteur privé et les communautés autochtones.

L'un des thèmes clés abordés était l'importance d'intégrer une gouvernance inclusive et des approches communautaires dans la mise en œuvre des SfN. Cela implique de décloisonner les approches et de garantir des solutions équitables, pertinentes au niveau local et évolutives à l'échelle mondiale. L'événement a souligné la nécessité d'efforts collaboratifs associant diverses parties prenantes, du niveau local au niveau mondial, afin de créer des impacts significatifs et durables. Un autre thème important était l'accent mis sur les approches holistiques prenant en compte les dimensions écosystémique, financière et culturelle. En s'alignant sur le Cadre mondial pour la biodiversité, l'événement a souligné la nécessité d'interpréter les objectifs de biodiversité comme un tout indivisible, en les intégrant à différents secteurs afin de renforcer la résilience et les efforts d'adaptation.

L'événement « Exploiter la nature pour faire progresser les objectifs mondiaux en matière de biodiversité et de climat », organisé au Pavillon de l'UICN, a permis de faire progresser la dynamique mondiale nature-climat grâce à des solutions innovantes et inclusives. En mettant en avant le potentiel des solutions fondées sur la nature et en soulignant le rôle des approches sensibles au genre et axées sur les communautés, l'événement a posé les bases de futures initiatives visant à renforcer la résilience, à préserver les moyens de subsistance et à autonomiser les communautés. Cet effort collaboratif marque une étape importante vers un avenir juste, respectueux de la nature et résilient.

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